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Quand Gaumont ne parlait pas… Les affiches des premiers temps

Du mercredi 30 novembre 2022
au vendredi 23 décembre 2022

Partenaire de longue date de la Cinémathèque de Toulouse, Gaumont est l’une des maisons de production les plus anciennes de l’histoire du cinéma. Nous lui rendons hommage à l’occasion de la première édition du festival SYNCHRO, avec une exposition d’affiches de l’époque du cinéma muet issues de nos collections.
Gaumont naît en 1895, au départ en tant que producteur d’appareils cinématographiques. Léon Gaumont comprend vite qu’il faut aussi nourrir le marché de ces appareils par la production de bandes filmées. Les premières saynètes sont donc tournées d’abord sous la direction artistique d’Alice Guy, jusqu’en 1905, puis de Louis Feuillade, et la production va vite prendre de l’essor en élargissant l’offre des genres : comiques, drames, policiers, films historiques, sujets bibliques… En bon entrepreneur, Léon Gaumont connaît l’importance de la publicité : l’édition de cartes postales d’abord et de véritables affiches ensuite est rapidement prise en charge par la maison Gaumont.
L’innovation technique étant la grande protagoniste de l’industrie cinématographique des débuts, les premières affiches font la réclame pour le matériel plus que pour les films, tout en essayant d’élever le cinéma au rang des autres arts : en témoigne ici l’affiche du Chronophone Gaumont, où l’on retrouve le masque, la lyre et le laurier comme symboles évocateurs du théâtre, de la musique et de la poésie. Ce n’est que plus tard que l’on concevra des affiches pour les films à proprement parler.
Si la fabrication des affiches est externalisée au départ, dans le format standard de 160 × 120 cm, Gaumont créé sa propre imprimerie en 1907, dans les locaux de la cité Elgé (des initiales de son fondateur), à côté du studio de tournage, des ateliers de décoration, de l’usine de tirage des films, des ateliers de montage et de coloriage et de l’usine de production des appareils. Les affiches Gaumont ont alors un format propre, le 150 × 110 cm, et ses déclinaisons (le demi-format 110 × 75 cm, le double format, le triple…). Sur les affiches des premiers temps, seuls apparaissent le titre du film et le nom de la firme, inscrit dans la célèbre marguerite, logo déposé en 1903 et inspiré du prénom de la mère de Léon Gaumont. À l’époque chez Gaumont l’anonymat est de rigueur : ni les artistes, ni les metteurs en scène ne sont cités sur les affiches. Dans la même logique, et contrairement à ce qui se passe dans les autres firmes, les affichistes ne signent pas leurs créations : E. Villefroy, qui a réalisé la quasi-totalité des affiches Gaumont jusqu’à 1914, n’a signé que deux de ses compositions. Il semblerait même que dans un souci d’anonymat il était expressément demandé aux affichistes de l’époque d’éviter toute ressemblance avec les acteurs dans leurs dessins ! Pour trouver quelques signatures d’affichistes, il faudra attendre la deuxième moitié des années 1910 : Daco, D. Stoyanovitch, C. Vaillant, Georges Scott…
Le graphisme des premiers temps puise son inspiration dans la caricature pour les sujets comiques, et dans l’illustration des journaux à sensation pour les scènes dramatiques, ou encore dans la peinture du XIXe siècle. Vous pourrez découvrir ici un petit florilège de ces compositions.

Claudia Pellegrini,
documentaliste au service iconographie de la Cinémathèque de Toulouse

Hall de la Cinémathèque
Entré libre

En partenariat avec Gaumont