Week-end Mélo mexicain
Au pays du mélodrame, le Mexique est roi. Improbables destinées alimentées de rebondissements à faire pâlir de jalousie les showrunners les plus audacieux. Intrigues de soap opera aux accents morbides. Et des portraits de femmes hautes en couleur. Insaisissables. Pas seulement victimes. Pas simplement femmes fatales. Indomptables, viriles, oserions-nous, dans la manière dont elles matent le macho. Des rôles taillés pour les stars que sont María Félix, dite la Doña, sulfureuse Ava Gardner latine ; Dolores del Río, véritable icône qui a marqué le cinéma mexicain comme le cinéma hollywoodien ; sans oublier Ninón Sevilla, la blonde cubaine qui rendait mambo tous les danseurs de rumba.
Le mélodrame a donné ses plus belles heures au cinéma mexicain classique. Son âge d’or. Et le cinéma mexicain en a fait un genre à part entière, qui ne ressemble à aucun autre type de mélodrame. Un mélo plus film noir que lacrymal, flirtant avec l’irrationnel, et fleurant les bons numéros chantés et dansés. Le tout servi par une maîtrise technique, notamment au niveau de la photographie, digne des grands studios qui ont poussé de l’autre côté du Rio Grande. Le mélo mexicain, donc.
En quatre films, nous vous proposons une petite virée dans ce genre particulier où la mort et l’amour n’ont jamais fait aussi bon ménage. On y retrouvera, sous la direction des maîtres du genre (Roberto Gavaldón, Alberto Gout et Emilio Fernández), María Félix (Enamorada_), Dolores del Río (Double destinée_), Ninón Sevilla (L’Aventurière) et Pina Pellicer (Jours d’automne), étoile filante dont la grâce fragile tranchera avec le caractère explosif de ses trois consœurs. Attachez vos ceintures, ça va secouer. Mélo épicé ce week-end.
Franck Lubet, responsable de la programmation de la Cinémathèque de Toulouse