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Batman : le défi (Batman Returns)

Tim Burton. 1992. UK / USA. 126 min. Coul. DCP. VOSTF.


Galaxie Burton



Batman, le second round. Des monstres et des hommes. Gotham version Metropolis de Lang, des super vilains à la psyché tourmentée, un héros pas si super que ça, tout droit sorti d’une tragédie grecque, pour un blockbuster déviant qui prit tout le monde par surprise. Batman : le défi, une anomalie du système hollywoodien, un sombre mélodrame pour adultes à l’évidente portée érotique, qui n’en oublie pas pour autant de torpiller l’opportunisme politique de la grande Amérique.

Quand Tim Burton s’approprie totalement le mythe Batman afin de mieux estomper son héros pour se focaliser totalement sur sa délirante cour des Miracles. Il y a là Oswald Cobblepot, fils unique d’une riche famille, abandonné dès son plus jeune âge dans les égouts à cause de sa difformité, qui finira par être recueilli par les manchots du zoo de Gotham. Oswald Cobblepot alias Le Pingouin qui, après avoir goûté les magouilles du monde d’en haut – on lui fera miroiter un poste de maire sous ses nageoires –, retournera dans le cloaque d’en bas pour parfaire sa vengeance. Puis, il y a bien sûr Selina Kyle, timide secrétaire « invisible », vivant dans un monde de peluches girlie et qui, après avoir été défenestrée par son patron, renaîtra sous la forme de Catwoman, amazone SM toute de latex vêtue.

Personnages fracturés, schizophrénie à tous les étages et Tim Burton entièrement dévoué à sa bande de freaks. S’il est difficile d’être un humain et de le rester, il est encore plus difficile d’être un monstre avec une part d’humanité. Car Batman : le défi est un film dense, complexe, presque indéchiffrable par moments, et tout entier hanté par le thème de la dualité. Bruce Wayne/Batman, Oswald Cobblepot/Le Pingouin et Selina Kyle/Catwoman, un trio de créatures de la nuit, toutes plus bizarres les unes que les autres. En deux temps, trois mouvements, Burton s’affranchit brillamment du film de super-héros pour glisser, vitesse grand V, vers le pur film de monstres. Face à Batman, Le Pingouin déclamera : « Vous êtes jaloux parce que moi, je suis un vrai monstre, et que vous, vous devez porter un masque », avant de surenchérir quelques instants plus tard : « Je ne suis pas un homme, je suis un animal », savoureux clin d’œil à l’_Elephant Man_ de David Lynch. Dans Batman : le défi, il n’y a pas de vrai méchant mais uniquement des personnages « gris », des êtres aussi humains qu’anormaux, abîmés par la vie et superbes d’ambiguïtés, évoluant dans un monde de ténèbres. Au final, un conte ténébreux pétri de névroses, d’une beauté plastique à couper le souffle. Tout simplement, un très grand film comme Hollywood n’en produira probablement jamais plus.

Tirez les fils de Batman : le défi et vous rencontrez : Freaks, L’Échine du diable, The Dark Knight : Le Chevalier noir et Birdman.

mardi 20 mai 2025, 19h30       Infos pratiques
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